Le Peintre


«Les bords du Rhin à Mayence» 1925, 27x18,5cm, DP1

A seize ans, André Hambourg voyage en Allemagne, près de Mayence, dans la zone occupée par la France, il achète sa première boîte de peinture à l’huile et réalise un petit carton : «Les bords du Rhin» avec en premier plan un arbre couché sur le fleuve. Il se présente à l’Ecole nationale supérieure des Arts décoratifs où il est reçu en section sculpture, en 1927 il entre aux Beaux Arts, section peinture. L’artiste tient sa première exposition, d’une quinzaine de toiles, dans la galerie du Taureau rue d’Assas, malgré des prix modiques, il ne vendra rien. A dix-huit ans il acquiert son indépendance et vend quelques toiles à des amis. Il rencontre Derain. Cette période sera qualifiée, par son ami Robert Parienté, dans sa monographie sur le peintre, de «Rues sans joie», avec des toiles sombres de rues de Paris, d’enterrement, «Kiosque au Luxembourg», «L’homme aux raisins»(1927).

 

André Hambourg présente le concours de la Villa Abd el Tif à Alger avec des toiles plus élaborées et avec des tons plus clairs : «Ulla aux gants blancs», «La femme au châle»(1933) et sera reçu le plus jeune candidat sur 43 postulants. Ce séjour algérien changera complètement sa palette, ses tableaux aux coloris nets captent la lumière à la verticale, il fait preuve d’une maîtrise de plus en plus affirmée.

 

«La Chirat bleue» 1939, 100x81cm, MG88

Le peintre expose au Grand-Palais, au salon d’Automne, à la Galerie Zak… Il voyage dans le sud algérien et marocain ou la lumière éclatante illumine encore plus ses toiles. Il réalisera ces superbes œuvres : «La Chirat bleue» et la «Chirat blanche» durant cette période. Dans «Renaissance de l’Art» on peut lire : «Le talent de André Hambourg se développe d’année en année, il prend place dans le peloton de tête de la jeune génération». L’Etat, la ville d’Oran font respectivement l’acquisition de deux toiles : «Le fils du Rabbin» et «Le marché de Fès».

 

«Civilisation 37 (Guerre d'Espagne)» 1937, 100x81, GU1

En 1937, l’artiste marque son inquiétude concernant la situation internationale et son engagement avec une toile particulièrement sombre, «Civilisation 1937» représentant un père tenant dans ses bras son enfant mort sur fond de ruines fumantes après le bombardement de Guernica par la Légion Condor allemande, réalisée au profit des Enfants d’Espagne.

 

«8 mai 1945, c'est fini» 1945, 38x45cm, GU19

En 1942, il séjourne à Saint-Rémy-de-Provence puis à Oran, il sera correspondant de guerre en 1943 et participera avec la 1ère Armée française à la libération de l’Alsace, Colmar, Strasbourg, puis de l’Allemagne jusqu’au Nid d’aigle de Hitler avec la 2ème DB de Leclerc. Le peintre vit particulièrement douloureusement les années suivant la Libération avec le fantôme des disparus, son frère, ses cousins, ses marchands les époux Zak, son ami peintre Ullmann…comme un véritable cauchemar. Sa peinture a perdu ses sources de couleurs et de lumière est retombée dans la noirceur de ses débuts : «Les déportés de Vaihingen 1945», «8 Mai 1945, c’est fini», la palette est résolument sombre, cafardeuse. «Il a fallu que j’effectue ma percée une seconde fois», reconnait l’artiste confronté aux difficultés financières, à une perte de renom, de réseaux.

 

Le paysage normand de Honfleur avec les techniques du pastel lui permettent de retrouver peu à peu les harmonies de tons, il redécouvre son art, capte les ciels changeants, le vieux port et sa Lieutenance et revient en force, en 1947, au Salon des Indépendants. En 1948 il épouse Nicole Rachet, fille du Docteur Rachet, grand amateur d’Art et collectionneur honfleurais.

 

André Hambourg à Honfleur comme à Englesqueville en Auge où il achète une vieille ferme, observe les gens et les bêtes, «Je suis un homme impressionné de nature, je poursuis mon chemin de peintre sans me laisser influencer», déclare-t-il quand on cherche à le cataloguer comme post impressionniste ou le rapprocher de Boudin ou de Jongkind.

«Fin août à Deauville» 1984, 22x18cm, PLD100

A la fin des années cinquante, il s’oriente vers Deauville et Trouville, il multiplie les séances de travail sur le motif, la plage de Trouville, à toutes les saisons. Il peint directement, Robert Parienté rappelle qu’il peut réaliser un tableau en deux heures, voire trente minutes, le tableau devant alors être parachevé par quelques détails. En 1966 Raymond Charmet écrit dans «Arts et spectacles» : «Sa peinture est une explosion de lumière et de mouvement, dans les grands espaces du ciel, des plages et des mers de Normandie».

 

«Le soir à Venise» 1969, 81x100cm, VE155

En 1957, André Hambourg, fera la découverte de Venise, c’est une révélation. Il retournera dans la Cité des Doges régulièrement jusqu’à la veille de son décès en 1999. Il déclare : «A Venise comme à Honfleur, on assiste constamment au mariage du ciel et de la mer, cette humidité nait de cette rencontre, elle flotte en suspension dans l’air et développe une admirable luminosité diaprée». C’est le succès de l’exposition des toiles de Venise à la galerie Drouant (début 1958), puis la première exposition chez le célèbre marchand d’Art Paul Pétridès (1962).

 

«Temps doux au printemps», 1991, 60x73cm, SR136

A Saint-Rémy-de-Provence où il acquiert le terrain des oliviers peints par Van Gogh et fait construire un petit mas, il découvre une nouvelle lumière, les arbres et les champs de coquelicots le fascinent, il trouve la vie et exprime l’agitation des marchés de Provence : «Le marché de Saint-Rémy, le Mercredi»(1980), «Le marché aux moutons»(1979), plus de 100 toiles expriment son parcours provençal.

 

«4 juillet 1986, la Patrouille de France passe» 1986, 33x55cm, MNA69

L’artiste sera nommé en 1945 peintre honoraire du Ministère de la guerre puis en 1952 peintre officiel de la Marine, cette dernière nomination le conduira à effectuer des campagnes en Méditerranée sur les navires de la «Royale» : «Richelieu», «Colbert», «De Grasse» puis des tours du monde avec «La Jeanne d’Arc» et «Le Bourdais», c’ est Tahiti où il retrouve son ami Paul Emile Victor, Abidjan, Sainte-Hélène … C’est aussi New York où, durant plusieurs séjours, il trouve une nouvelle lumière saturée d’eau comme sur la lagune Ebrié ou celle de Venise ou sur les plages normandes ou encore proche de la Serpentine à Hyde Park à Londres. Wally Findlay deviendra son marchand exclusif pour les Etats-Unis. De tous ces lieux il cherche à transcrire par les couleurs vives de sa palette, sa captation du mouvement, par sa liberté de style inimitable, la vie sous toutes ses formes, aussi bien sur les marchés de Provence, de Côte d’Ivoire, qu’au pied du Mur des Lamentations, des foules près de la statue De la Liberté, de l’ animation sur les ponts des bateaux de guerre, des manèges de chevaux en Normandie ou des plages de Deauville et Trouville …

 

Robert Parienté recueillera la devise du peintre : «Faire aimer la vie», il la quittera le 4 Décembre 1999.

 


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